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Stratégie - Réduire ses intrants en syst Stratégie - Réduire ses intrants en système herbager

Philippe Riaux diminue ses apports d'engrais et de produits phytosanitaires en utilisant au maximum le potentiel de ses prairies.

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Dès qu'il a repris la ferme de ses parents à Gosné (Ille-et-Vilaine) en 1998, Philippe Riaux a réorienté l'exploitation alors largement basée sur le maïs ensilage vers un dispositif qui valorise au maximum le potentiel herbager de ses 30 ha de prairies. Lorsque la possibilité lui a été offerte de souscrire un CTE (contrat territorial d'exploitation) «système herbager économe en intrants», il n'a pas longtemps hésité. Aujourd'hui, la mesure agroenvironnementale «système fourrager économe en intrants» (SFEI) a succédé à l'ancien CTE.

Le cahier des charges de la nouvelle MAE est un peu plus souple que celui du CTE qu'elle remplace. Il interdit cependant toute fertilisation du maïs. Philippe Riaux a donc mis en place une rotation lente prairie-maïs-blé. Il fait pâturer ses prairies pendant cinq ans en moyenne, ce qui engendre un excellent engrais de fond pour le maïs qui se comporte très bien sans apport supplémentaire. En revanche, dans cette rotation, le maïs doit être implanté assez tard pour qu'il puisse rapidement développer son système racinaire et aller puiser les nutriments qui ne sont pas mis directement à sa portée.

«Il faut sortir de la mentalité de groupe et accepter d'attendre», confie le jeune exploitant, qui reconnaît que ses 4 ha de maïs ne sont généralement pas très beaux à voir au mois de mai. Le maïs est implanté en semis combiné après labour, à la suite de la destruction mécanique de la prairie par deux ou trois passages de cultivateur. Un désherbage chimique est appliqué aux deux tiers de la dose homologuée conformément au cahier des charges. C'est la dernière opération réalisée avant l'ensilage.

 

Ensuite vient l'implantation du blé d'hiver sur 4 ha également, en semis combiné avec labour. Un apport de 70 unités d'azote est appliqué en deux fois (le SFEI en autorise 100). Le premier apport a lieu durant la deuxième quinzaine de février et le deuxième est réalisé entre la fin de mars et le début d'avril.

 

Comme pour le maïs, un désherbage est prévu aux deux tiers de la dose autorisée, dans le courant de mars, suivant l'évolution des adventices. Conformément au SFEI, un seul fongicide est appliqué en deux passages. Philippe Riaux ne fait pas la course au rendement et ses 60 q/ha en moyenne lui permettent de réserver 10 tonnes pour son troupeau, les 14 t restantes sont revendues.

Le trèfle, moteur de la prairie

Les prairies mixtes lui permettent d'exploiter au maximum le potentiel des parcelles, et d'optimiser le rendement quel que soit le climat. L'ensemencement se fait selon une «recette» personnelle. Pour lui, le trèfle, «c'est le moteur de la prairie» et il prend un soin particulier à composer ses mélanges. Il est hors de question de mettre tous ses oeufs dans le même panier. Il utilise donc systématiquement trois types de trèfle qu'il sème à hauteur de 5 kg/ha. Le trèfle blanc «agressif» permet de «monter au-dessus des graminées» au cas où elles se développent rapidement. Le trèfle blanc nain assure un bon couvert du sol en cas de végétation basse tandis que le système racinaire du trèfle violet est une garantie en cas de faible portance de la prairie. Entre trois et cinq types de graminées sont associées aux trèfles, avec systématiquement une dominante de ray-grass anglais (RGA) diploïde et tétraploïde à 20 kg/ha, de la fétuque, du dactyle et du brome entre 2 et 5 kg/ha chacun.

Dans la rotation, la prairie est implantée après le blé. La première quinzaine de septembre, le terrain est labouré, puis Philippe passe la herse rotative avant de semer en ligne. La parcelle est ensuite passée au rouleau packer (un rouleau lourd et cranté). Si les conditions sont bonnes, les vaches pâturent une fois avant l'hiver, ce qui permet une meilleure implantation de la prairie grâce au tassement exercé par les sabots. «Ça oblige à une grande vigilance, pour ne pas compacter la parcelle sachant que le rumex adore la terre labourée.»

Les prairies ne sont jamais désherbées chimiquement, même si le SFEI autorise certains traitements. «J'avais fait l'essai d'un produit contre le rumex sur une partie de la parcelle, mais la pousse des autres plantes avait été pénalisée», précise l'agriculteur. Aujourd'hui, il les bêche manuellement. Le même sort est réservé aux chardons. Le rumex est aussi fauché avant le pâturage pour limiter le stock de graines dans le sol.

Stockage de l'aliment

Si la prairie donne le meilleur d'elle-même avec une période de trois semaines entre chaque pâturage, l'exploitant a fait le choix de pousser à un mois cet intervalle. La quantité de matière sèche produite par la prairie est alors plus importante, et la perte de valeur fourragère des graminées est compensée par la pousse du trèfle. L'éleveur se refuse à faucher trop vite ses parcelles au printemps: «Je ne veux pas avoir à redistribuer en août ce que j'ai trop fauché au printemps, mais si je veux supprimer les stocks, il faut que le tampon se fasse au champ.» L'astreinte de la récolte, du stockage et de la distribution de l'herbe est alors minimisée. A cette gestion du pâturage est associée une fertilisation en deux temps pour favoriser la production herbagère. Un apport de fumier de 8 à 10 t/ha est prévu en février. Il n'est pas réalisé sur toutes les surfaces d'un seul coup, afin de garder une marge de manoeuvre pour le pâturage. Un deuxième apport de 8 t/ha est réalisé sous forme de compost en septembre.

A l'avenir, Philippe souhaite convertir encore 2 ha de blé en prairies. Il n'est pas prêt à abandonner ses trèfles.

 

 

 

Plus de cent agriculteurs dans l'Ille-et-Vilaine

 

L'Adage (Agriculture durable par l'autonomie, la gestion et l'environnement) de l'Ille-et-Vilaine se félicite d'avoir convaincu plus de cent agriculteurs d'adhérer au cahier des charges de la SFEI en 2007. La participation représente autant d'exploitations que celles qui avaient souscrit à un CTE ou à un CAD (contrat agriculture durable) sur la période 2001-2006. La décision de la région Bretagne d'augmenter le montant de l'enveloppe globale y est certainement pour beaucoup, mais cela prouve un réel intérêt des agriculteurs qui ont jusqu'au 15 mai pour déposer leurs dossiers. Le cahier des charges prévoit de limiter la surface en maïs à hauteur de 18% de la SFP (surface fourragère principale). Des quantités maximales d'azote minéral sont déterminées en fonction des cultures et l'apport total sur l'exploitation ne doit pas dépasser 170 unités. La mesure vise les systèmes herbagers avec une surface en herbe de 55% au minimum de la SAU. L'aide est plafonnée à hauteur de 7.600 euros par exploitation.

 

 

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